"De Magnete" |
publié pour la première fois par les Chiswick Press, Londres 1600 |
"Si j'ai pu voir plus loin, c'est parce que j'étais sur les épaules de géants" Newton à Hooke, 1676 |
Il commença par lire et examiner toute la littérature existante à l'époque , c'était plutôt maigre. Ensuite, il conçut et réalisa ses propres expériences, pas uniquement sur les forces magnétiques, mais aussi sur les forces électriques, sentant que d'une certaine manière ces 2 types de forces étaient liées. Ses études comprenaient à la fois des aimants naturels "pierre de magnétite" et du fer magnétisé artificiellement. Il comprit également complètement le magnétisme induit, c.à.d. le fait qu'un morceau de fer magnétisé prend temporairement toutes les propriétés d'un aimant permanent quand on le place contre lui.
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L'expérience avec une "terrella"
Il observa ensuite que lorsqu'on déplace une minuscule aiguille
aimantée, appelée "versorium", le long de la surface d'un
aimant sphérique, appelée "terrella" (sphère découpée
dans un morceau de magnétite), le comportement de ce "versorium"
reproduit fidèlement celui de l'aiguille d'une boussole classique
dans le champ magnétique terrestre.
Non seulement, l'aiguille du "versorium", quand elle est contrainte à se situer dans un plan tangentiel à la sphère, pointe en direction des "pôles" de la terrella, reproduisant ainsi, à échelle réduite, la situation observée sur Terre, quand on place une boussole à l'horizontale du lieu d'observation. Mais encore, l'aiguille du "versorium" articulée alors sur un axe horizontal pointe vers la surface sphérique de la "terrella", faisant avec le plan tangent local à la sphère, un angle, qui reproduit ce que l'on appelle aujourd'hui l'inclinaison magnétique locale, qui fut découverte, pour le champ magnétique terrestre, par Robert Norman en 1581. Les expériences de Gilbert avec sa "terrella" sphérique (petite terre) confirmèrent sa thèse, qui devint sa grande découverte: le mystérieux comportement de l'aiguille de la boussole à pointer dans une direction déterminée provient de ce que" la Terre elle-même est un aimant géant". |
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Gilbert était un observateur plein d'intuition, mais souvent,
cela ne suffisait pas. Il remarqua que l'humidité interrompait
les effets de l'électricité statique (par ex. l'humidité
provenant de la respiration humaine)- mais qu'une couche d'huile ne le
faisait pas. Il nota aussi que les gouttes d'eau, elles, étaient
attirées par les forces électriques. Il observa également
que les forces magnétiques se maintenaient au travers d'une flamme
mais que le fer magnétique perdait sa puissance d'action lorsqu'il
était chauffé au rouge. Qu'est-ce-que tout cela signifie,
s'est-il peut-être demandé?
Les errances...
Cependant, toutes les assertions de Gilbert n'ont pas résisté à l'épreuve du temps. Il pensait que le magnétisme terrestre et la rotation de la Terre avaient une cause commune: le fait que le nord magnétique et le nord astronomique étaient si proches l'un de l'autre semblait une trop grande coincidence que pour être dû au hasard. Cette idée, pûrement spéculative, quoique rejetée aujourd'hui, connut un regain d'intérêt dans les années "1950" grâce à P.M. Blackett. Concernant la rotation de la terre, Gilbert n'eut jamais aucun doute. D'autres, à son époque, considéraient la Terre comme le centre de la création, autour de laquelle les étoiles tournaient. Gilbert, lui, avait calculé la vitesse correspondante de la voute céleste et l'avait trouvée incroyablement grande. Il ne faut pas oublier que l'année 1600 fut aussi l'année durant laquelle Giordano Bruno fut brûlé sur le bucher. Les assertions concernant la rotation de la Terre devaient convenir aux religieux. Edward Wright, dans son introduction, s'en tirait de cette manière : "Ni ces choses citées dans les saintes écritures ne paraissent spécialement opposées à la doctrine de la mobilité de la Terre; ni il ne parait de l'intention de Moïse et des prophètes d'avoir promulgé des précisions mathématiques ou physiques , mais plutôt de s'adapter à la compréhension du commun des peuples et à leur manière de s'exprimer, comme une "nurse" s'adapte aux enfants, et ne doit pas s'attarder à tous les détails". Si rotation et magnétisme allaient de pair, comment se fait-il que l'aiguille de la boussole pointait si rarement le nord, mais montrait une petite variation, aujourd'hui nommée "déclinaison magnétique". De manière assez ingénieuse, Gilbert fit la proposition suivante: si la Terre avait été une sphère parfaite, les deux directions auraient toujours coincidés, cependant la Terre n'est pas parfaitement sphérique; l'océan atlantique forme un évidement à sa surface (l'eau apparement ne contribue pas au magnétisme) tandis que l'Europe et l'Afrique à l'est, l'Amérique à l'ouest sont plus hauts que la surface moyenne et peuvent augmenter l'attraction magnétique.. |
Parce que les dépressions et les protubérances sur le globe ne changent pas (à l'échelle de l'histoire humaine), il prédit, de manière intrépide, que la "variation" ne changerait pas:: |
Voici, par exemple, la façon dont Gilbert exprime son idée sur l'utilisation de l'inclinaison angulaire magnétique dip angle (son terme à lui est la "déclinaison") pour déduire la latitude en mer quand les cieux sont obscurcis:
Et à propos de la magie des bracelets magnétiques, pour ceux qui y croient, voici le conseil de Gilbert:
Ce n'est pas parce que nous sommes plus avisés ou plus intelligents, c'est parce que nous nous sommes hissés sur les épaules de géants, tels que Gilbert. |
A propos du contexte: Londres en 1600 Prochain arrêt: En savoir plus sur le "De Magnete" Prochain arrêt possible: Le magnétisme de Gilbert à 1820 Pour ceux qui cherchent à en savoir plus (et ont accès à une grande bibliothèque): à consulter: Nature vol. 154 du 29 Juillet 1944 à l'occasion de ce que l'on pensait être l'anniversaire des 400 ans de la naissance de William Gilbert : 2 articles sur Gilbert et ses travaux. Enfin très recommandé pour ceux qui veulent "creuser" le sujet : William Gilbert and the Science of his Time by Prof. Sydney Chapman. p. 132-136. William Gilbert: His Place in the Medical World by Sir Walter Langdon-Brown, p. 136-139. |
Auteur : David P. Stern, earthmag("at" symbol)phy6.org
La traduction française a été réalisée à l'initiative de
Joseph Lemaire (joseph.lemaire("at"symbol)oma.be), de l'Institut d'Aéronomie Spatiale Belge (IASB), et grâce aux
collaborations de Pascale Cambier (pascale.cambier("at"symbol)oma.be) du BUSOC
(pour la traduction et la dactylographie) et de Hervé Lamy (herve.lamy("at"symbol)oma.be)
de l'IASB (pour la relecture et les corrections).
Dernière modification : 20 décembre 2002